Jeudi 20 janvier 2005.

Jeudi 20 janvier.
J’entre dans le press’café lorsqu’un client commande une Krishka.
La serveuse semble ignorer jusqu’au nom même de ce qui s’avérera être une marque de bière.
Commence alors un dialogue digne du sketch de Fernand Raynaud sur les croissants.
En effet, le client demande à la serveuse de s’approcher et de lire avec lui dans la carte où effectivement (je m’empresse de la vérifier dans ma propre carte) se trouve inscrit ce nom de bière.
La serveuse lui répond qu’elle ne connaît pas cette bière (pourtant inscrite dans la carte !), qu’elle est nouvelle et lui demande à nouveau ce qu’il veut prendre.
Une Krishka s’il vous plaît redemande le client Raynaudien.

Mercredi 19 janvier.
Aujourd’hui jour béni, jour de grève à la SNCF.
A 9h 50, un voyageur devant moi demande un jambon-courage, il lui en faudra (et du jambon et du courage) car le prochain train pour Montargis est pour 16h 11.
J’adore les grèves de transport c’est l’occasion de casser le train-train quotidien, de lire Enrique Vila-Matas, de se frotter aux olympiades et d’observer, de converser avec les badauds soudainement bavards.
Me revient alors à la mémoire cet aphorisme de Göran Ångström:

"Pris entre deux feux. Lecteurs affreux dont les mots lus ravalent les larmes, lectueurs s’armant de mots vus."

La grève est devenue en une dizaine d’années "humanitaire".
Avant on faisait des grèves corporatistes, pour de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail, retraite avant 100 ans, etc…
Maintenant, les cheminots font grève pour freiner la suppression des gares, des trains et des guichetiers, les enseignants pour que les élèves ne restent pas plusieurs mois sans professeurs, pour lutter contre la disparition des surveillants, les postiers pour la préservation du service public et j’en passe.
Une grève pour les autres, une grève humanitaire.